mardi, 16 of avril of 2024

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On imagine mal ce que les autres pensent

Sondage relaté dans le récent film allemand « Revenu de base, une impulsion culturelle » d’Enno Schmidt et Daniel Häni1 :

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« Si vous aviez un revenu de base, est-ce que vous iriez encore travailler ? »

Quand on pose cette question, spontanément,

  • 60% des gens répondent OUI, comme avant

  • 30% des gens répondent OUI, mais plus à plein temps, je ferais autre chose

  • 10% des gens répondent NON, d’abord dormir et après on verra : voyager, s’occuper des autres, reprendre des études

« Si on instaurait un revenu de base, pensez-vous que les autres continueraient à travailler ? »

  • 80% des gens répondent NON, probablement que la majorité des gens ne seraient plus motivée pour aller travailler.

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L’idée que l’on se fait de ce que les autres pensent n’est-elle pas particulièrement plus négative que ce que les autres pensent ? Et notre regard sur les chômeurs ?

Ce sondage (qui correspond bien à la réalité des réactions que l’on observe sur le stand du Colibri S&D) tord le cou à ceux, 80% d’entre-nous, qui pensent qu’avec un Revenu d’Existence les gens profiteraient du système.

Cela ne devrait-il pas nous autoriser à penser que le Revenu d’Existence, la monnaie distributive et la propriété d’usage seraient possibles dès maintenant, si les gens arrêtaient de prendre les autres pour des irresponsables ?

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1 cf. www.kultkino.ch/kultkino/besonderes/le_revenu_de_base_film_francaise

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publié dans le n°6 de juin 2011, mis en ligne le 15/12/2011


Namibie : la misère disparaît avec le BIG

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Le Revenu d’Existence n’est pas n’est pas une lubie de pays « riches » : le BIG expérimenté en Namibie nous montre que la grande pauvreté pourrait disparaître du jour au lendemain.

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Le contexte

En Namibie, indépendante (de l’Afrique du Sud) depuis 1990, règne l’abondance : tant en ressources minérales et halieutiques qu’en pauvreté. Le pays présente les plus grands écarts de revenus au monde. Soucieux daméliorer la situation, le gouvernement a créé en 2002 une commission, laquelle a Read more »


Revenu d’Existence : Capitalisme ou Distributisme ?

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De nombreuses propositions émergent un peu partout, à droite comme à gauche, dans de plus en plus de pays, en vue de faire émerger un revenu d’existence. S’il revêt plusieurs noms (salaire, allocation, dividende, dotation… social, universel, de base, minimum, citoyen…)1, il est toujours inconditionnel. Mais son montant varie fortement d’un promoteur à l’autre (dans un rapport de un à dix), de même que son mode de financement. Comment se positionne la proposition distributiste ? Pourquoi est-ce la proposition la moins utopique ?

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L’Économie Distributive (ED) combine Monnaie Distributive, Revenu d’Existence (RE), Partage du travail, Démocratie participative et locale (le plus possible) et Propriété d’Usage. Les revenus sont donc distribués aux gens avec une monnaie d’un nouveau genre.

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Cette monnaie est créée lors de la mise en vente des biens et services que l’on a produits ; elle est détruite lorsque les consommateurs achètent ces biens et services. Elle n’est donc pas créée par la volonté des banques ni par Read more »


Sortir de l’expérimentation, généraliser nos alternatives

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Nous pouvons être fiers des expériences présentées dans ce journal ! Ingéniosité, courage, ténacité, réussites… Beaux témoignages de fraternité et d’humanisme dans ce monde de brutes. Notre monde n’est pas que pourri, des gens réussissent à mettre de la distance avec les règles du système économique majoritaire. Mais que faudrait-il pour que fraternité et humanisme deviennent la base de nos règles économiques ?

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Les désirs d’humanisme et de fraternité qui motivent les acteurs des expériences exposées dans ce numéro sont similaires à ceux des précurseurs des premières coopératives et mutuelles. Mais pourquoi la dynamique de l’Économie Sociale n’a-t-elle pas réussi à contrecarrer l’aggravation des inégalités, la destruction de l’environnement, l’augmentation du stress… ? Les banques coopératives Read more »


Le Restaurant Hirscheneck : autogestion dans la durée

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Depuis 32 ans à Bâle dure cette expérience d’autogestion. Au fur-et-à-mesure de son histoire et de la succession des générations, le restaurant Hirscheneck a vu beaucoup de changements en ses murs, mais il n’a jamais abandonné le principe d’autogestion. Comment s’expliquer ce succès ? Notre ami suisse Hans-Georg Heimann a interrogé Roger Portmann, un membre de l’Hirscheneck.

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Comment s’est développée cette expérience ?

Dans les années 70, le mouvement pour vivre et travailler autrement était très fort en Suisse et un groupe de jeunes gens cherchait Read more »


Parlement des chômeurs de Thüringen

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En Allemagne se montent des parlements bien particuliers pour exprimer la voix des chômeurs et des précaires.

En Allemagne en 1998, il n’y avait officiellement que 5 millions de chômeurs recensés. Il y eut une multitude de manifestations contre cette situation intolérable, les tracasseries rencontrées par les chômeurs, les injustices, les mesures inhumaines, les projets inacceptables des gouvernants… et à Erfurt la naissance d’une nouvelle forme d’action participative.

Un Parlement des chômeurs est en février 1999 dans Read more »


Le courrier des lecteurs, Colibri S&D n°6

Articles du site internet

Voilà j’ai passé plusieurs heures cette semaine à lire les articles du Colibri sur le site, je ne savais pas qu’il y avait un site ! Aïe vous pouvez me taper sur les doigts. Je croyais juste qu’il y avait la revue papier et à vrai dire je ne crois plus à ce moyen de communiquer de l’information… donc les sujets traités sur le site, bien évidemment me parlent beaucoup. Bravo pour les articles et les recherches, enquêtes et autres. J’ai goûté récemment à la spiruline… au bon goût ? d’algue… dans le potage ça passe très bien, la prochaine fois, je la prendrai en comprimés… tant mieux si elle est cultivée en Alsace et qu’elle profite aux plus « malnutris » de notre planète. Tant mieux aussi pour les Islandais qui se réveillent bien avant Paris… et bravo à JM Governatori pour son bouquin s’il peut déshypnotiser ceux qui le liront ; que les biens de consommation soient des biens de compensation j’en suis convaincue depuis longtemps…

Donc je suis bien ravie que vous trouviez votre place dans cette belle initiative de changer le monde… à mon niveau j’essaie juste d’apporter l’éveil de conscience que je porte, aux élèves que la Vie me confie pour qu’ils ne reproduisent pas les vieux schémas…

Céline (88)

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Numéro 5 percutant

C’est le premier N° qui me parle vraiment, je pense qu’il touchera un public plus large.

Esther (88)

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De l’amour à… l’égalité

Merci pour le Colibri S&D n°5. Je l’ai trouvé encore plus intéressant et varié que les précédents. Au fur-et-à-mesure de leurs parutions, je transmets les revues à des personnes susceptibles d’être intéressées (j’espère leur donner envie de s’abonner !).

J’ai aimé l’article de Laurent Gounelle. Les scientifiques se demandent comment les étudiants font pour envoyer de l’amour aux cellules cancéreuses. Je pense que les jeunes doivent s’imaginer les cellules comme elles étaient avant le cancer. Ils les voient très belles, ainsi il doit être plus facile de les aimer (comme on aime naturellement un bébé). D’autres s’imaginent peut-être les cellules en train de se transformer et de se régénérer. Et puis, une maman aime bien son fils qui est en prison ! Alors pourquoi pas une cellule cancéreuse… C’est mon point de vue.

Éric, quand vous répondez à Chénica page 15, vous écrivez que les retraités vont recevoir le revenu d’existence. Est-ce que cela signifie que ma soeur, qui a travaillé pendant 5 ans, va toucher autant que moi (j’ai 35 ans d’ancienneté) ? Je trouve que ça ne serait pas très juste ! Je travaille à 75 km de la maison. Je suis épuisée et ma soeur est en pleine forme. > Comme vous avez pu lire dans la rubrique ED, le débat est toujours ouvert. Dans notre société, vu qu’il n’y a pas de place pour tout le monde, on peut avancer que si la moitié des gens au RSA profitent du système, l’autre moitié des gens le subissent car ils ne peuvent pas trouver de place. Je pense personnellement que nous sommes tous interdépendants. Un pharmacien ou un ministre ne peut travailler proprement dans son lieu de travail que grâce au professionnalisme des secrétaires et des agents de nettoyage. Légitimer des revenus inégaux ?…

Déjà maintenant, j’ai besoin d’argent pour me soigner et tenir bon. Quand l’ED sera en place, il ne faudra pas oublier de permettre l’accès à une large gamme de soins de santé.

Patricia (59)

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Fonctionnement de l’ED : suite de l’échange entre Chénica (71) et Éric

Un système de démocratie participative fonctionnant par petits comités locaux, je trouve ça génial. Maintenant, est-on vraiment à l’abri de fortes personnalités qui cherchent à dominer et prendre le pouvoir ? > En ED, la politique est débarrassée des enjeux financiers : les barons de l’oligarchie actuelle ne pourront plus continuer à nous manipuler par leur fric et par la menace de nous faire perdre nos revenus.

Si j’ai bien compris, tout le monde aurait le même revenu à part égale, quelles que soient ses responsabilités au travail et donc quel que soit son investissement. Les gens seront-ils encore motivés pour des postes à responsabilité ? Ou alors dans les entreprises, il n’y aura plus de responsable et tout le monde participera aux décisions ; comme American Airlines… Par contre, ceux qui ne souhaitent rien faire recevront moins d’argent. > Si l’on réussit à s’entendre sur une façon de légitimer des revenus inégaux, ta question ne se posera plus. Si les revenus son égalitaires, il y a plusieurs éléments de réponse :

1/ Aujourd’hui, il y déjà plein de gens qui travaillent plus que ce pour quoi ils sont payés (dans le privé comme dans le public), ils continueront donc facilement en ED.

2/ Il y a plein de personnes qui aimeraient travailler (avec ou sans responsabilités) mais on ne peut pas financer leurs postes (social, recherche, espaces naturels…). En ED, si l’on décide démocratiquement que c’est important, ces gens pourront enfin travailler.

3/ Le travail n’étant plus soumis au diktat de la rentabilité, les gens pouvant changer facilement de travail au fur-et-à-mesure de leur évolution de vie, restera t-il beaucoup de gens qui resteront à ne rien faire ? Si tel était le cas et que le système global risque d’en pâtir, alors on utilisera le Revenu Minimum de Non Insertion. Ce sera alors un choix délibéré des gens de s’auto-exclure (pas comme le RMI qui est subi par minimum la moitié des gens, pour qui la société ne peut pas fournir de poste de travail).

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publié dans le n°6 de juin 2011, mis en ligne le 08/12/2011


Démocratie en entreprise

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La démocratie est-elle possible en entreprise ? Elle se vit sous multiples facettes dans les entreprises de l’Économie Sociale. Mais également dans certaines structures Solidaires, comme les Jardins d’ICARE.

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« Vous avez besoin de légumes, ils ont besoin de travail, alors ensemble, cultivons la solidarité ». Fort de la devise des jardins de Cocagne1, les Jardins d’ICARE (créés en 1997) ont dabord une vocation dinsertion sociale et professionnelle en procurant un travail et un accompagnement à des femmes et des hommes de tous âges se trouvant en situation précaire et rencontrant des difficultés dordre professionnel, social ou personnel. 25 ouvriers maraîchers Read more »


Jacques Duboin et le droit à la vie

Le banquier et industriel Jacques Duboin (1878-1976), ancien député et ministre d’Aristide Briand, avait fondé le Mouvement Français pour l’Abondance et jeté les bases d’une nouvelle économie de distribution où la monnaie n’aurait plus qu’une seule fonction : mettre l’avoir au service de l’être.

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Jacques Duboin, né le 17 septembre 1878 à Saint-Julien-en-Genevois, s’inscrit dans une longue lignée de Read more »


L’Économie de Communion : une autre destination des profits de l’entreprise

Avec la crise on a entendu de grandes incantations sur la refondation du capitalisme. Qu’en sera-t-il ? L’économie de communion, une expérience vécue par 800 entreprises dans le monde, touche à un élément central du capitalisme : la destination des profits. Il ne s’agit pas des profits d’activités parasites – spéculation ou acrobaties financières – mais de ceux dégagés par des activités produisant des biens et des services utiles.

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Si l’on sort de la condamnation simpliste de tout profit, si l’on s’interroge sur la destination de ce profit, c’est la finalité même de l’entreprise qui est en jeu, et c’est bien un renversement concret mais fondamental que vivent les chefs d’entreprise engagés dans l’économie de communion. Renversement qui va bien au-delà de la démarche habituelle de Responsabilité Sociale et Environnementale. Renversement qui affecte toutes les parties prenantes de l’entreprise : membres du personnel, clients, fournisseurs, sous-traitants… donc tout son environnement social.

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L’expérience est née d’un besoin de solidarité : ne pas laisser au bord du chemin des personnes qui manquaient du nécessaire. C’est au Brésil en 1991 que ce projet est né. La fondatrice de l’ONG New Humanity issue du mouvement des Focolari, prix Unesco 1996 de l’Éducation à la Paix et prix 1998 des Droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, propose la création d’entreprises qui partageront leurs profits en 3 parts : « une part pour assurer leur développement ; une part pour former des personnes qui savent donner… ; et une autre part pour celles qui ne parviennent pas encore à trouver un emploi ou à subvenir à leurs besoins… ».

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La proposition a suscité des vocations dans le monde entier. Des entreprises qui existaient déjà ont revu leurs orientations et partagé leurs bénéfices. Elles s’insèrent dans l’économie de marché, doivent être performantes pour dégager des bénéfices, mais ceux-ci ne sont pas destinés d’abord aux détenteurs du capital, mais au partage. Partage qui va en priorité vers des personnes qui visent aussi la solidarité, la fraternité et sont aidées pour monter leur propre activité – par exemple par un micro-crédit- ou pour un besoin tel que financer la scolarité des enfants. Elles sont des partenaires, considérées comme les membres d’une même famille.

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L’adhésion d’une entreprise à l’économie de communion est concrétisée d’abord par le choix de partager des bénéfices, comme l’illustre Frédéric Dupont, paysagiste à la tête de «L’agrément du jardin », entreprise de 14 salariés de la région de Lille.

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Chaque année, il envoie un chèque qui, selon le cas, représente entre 5 et 10 % des bénéfices réalisés – 10 % en 2008 –. Il se peut qu’une année il ne donne rien, parce qu’il n’aurait pas dégagé de bénéfices et que ce don ne saurait être au détriment des salariés. Pour lui ce don est important car il donne son sens à l’entreprise.
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Sa sœur, en charge de la partie administrative, et le chef d’équipe, reconnaissent que cette finalité du partage les motive personnellement. Un paysagiste, qui était à son compte et qui appréciait l’esprit de cette entreprise avec qui il coopérait parfois, a voulu la rejoindre. Il se dit totalement en phase avec l’ouverture de l’entreprise au don. Tous les salariés sont informés que l’entreprise pratique le don.

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Ces entreprises, qui inscrivent le partage dans leurs finalités, sont conduites par cohérence à revoir toutes leurs pratiques, même leurs relations avec leurs clients ou concurrents, qui peuvent devenir des occasions d’un échange vrai. Gérard qui dirige une entreprise de mécanique de précision en donne un bel exemple.

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« Un client nous avait demandé de réaliser une pièce très compliquée. Nous avions beau essayer différentes solutions techniques, nous n’y arrivions pas. Il s’est impatienté et m’a dit : ‘ « vous me ramenez tout et on arrête avec vous »’. Au lieu de lui renvoyer la pièce et de lui dire de se débrouiller, puisque l’affaire était perdue, j’ai demandé au responsable du bureau d’études d’aller chez le client et de lui expliquer tout ce qu’on avait fait, afin que celui qui reprendra derrière nous puisse la fabriquer sans refaire toutes les tentatives déjà faites. Le responsable du bureau d’études a donné nos explications, et finalement, est revenu avec la pièce à faire ! Et nous avons réussi à la fabriquer. Cela veut dire que quand on est dans cette attitude de donner et d’aider, les gens le rendent. Et cette expérience, nous l’avons vécue beaucoup de fois ».

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Chantal & José Grevin, coordination économie de communion

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Plus d’informations : voir www.economie-de-communion.org

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publié dans le n°2 de janvier 2010, mis en ligne le 24/11/2011