Une expérimentation concrète et à contre-courant d’une monnaie complémentaire : le Sol
Une expérimentation à contre-courant qui répond à des besoins réels, qui permet d’échanger des produits et des services et… qui démontre à l’usage que le lien est plus important que le bien et que l’échange est plus important que la spéculation.
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Voilà le pari que relève en quelque sorte la monnaie complémentaire, qu’on appelle le SOL et qui est actuellement mis en fonction sur un tiers des régions françaises.
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En fait, il s’agit ni plus ni moins que :
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de donner du sens à nos échanges (de produits, de prestations et de services) à nos choix de consommation ;
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de contribuer au développement d’une économie basée sur des valeurs écologiques humaines et sociales ;
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de rendre visibles nos comportements solidaires, bénévoles et citoyens.
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Et c’est à partir de ces principes, de ces valeurs, qu’effectivement nous pouvons devenir solistes, à titre individuel, en tant que collectivité, prestataire de services, entreprise, entrant dans le champ de l’économie solidaire ou d’insertion par l’économique : commerçant, entrepreneur, artisan assurant un service de proximité et correspondant à des besoins réels (nourrir, habiter, vêtir, éduquer…).
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Les échanges s’effectuent grâce à une carte électronique qui comptabilise les entrées et les sorties dont le solde peut à tout moment être reconverti en euros (ce qui est une garantie) moyennant une perte de 5%, portée sur un compte spécial servant à soutenir des projets innovants. On appelle cela une monnaie fondante ou en d’autres termes des intérêts à l’envers.
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Et c’est ainsi que des collectivités peuvent utiliser cette méthode pour la mise en service de leur politique sociale,
que des Associations, des prestataires, des artisans, des entrepreneurs, peuvent échanger des biens et des services utiles correspondant à des besoins réels,
et démontrer que la monnaie n’est rien d’autre qu’un déclencheur d’activités.
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Certes, en disant cela, j’ai pleinement conscience que tout n’est pas réglé, qu’il ne s’agit que d’une expérience à petite échelle, qu’il faudrait reproduire à l’échelle d’un pays, d’un continent, mais… cette expérience aura une valeur d’exemplarité. Elle démontrera à l’usage que cela est possible, qu’il suffit de le faire au lieu d’en parler.
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C’est d’ailleurs ce que nous essayons de mettre en application en Alsace, en Franche-Comté, sur le Territoire de Belfort, en Lorraine. Nous avons aussi des liens avec la région de Fribourg en Allemagne et la région bâloise en Suisse.
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Certes, il faut avouer que ce n’est pas toujours évident, il faut vaincre de vieilles habitudes, des lourdeurs administratives de conservatisme, etc… etc…. mais on avance à notre rythme, avec persévérance, lentement mais sûrement : « langam awer secher » (comme on dit en alsacien) .
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Et pour celles et ceux qui doutent, qui hésitent, nous les rendons attentifs que cela existe déjà, que cela fonctionne déjà dans plusieurs régions en Allemagne et même en Suisse. Nous leur rappelons les expériences à WÖRGL en Autriche en 1931/1932 et le réseau mis en place par notre amie Heloisa PRIMAVERA , en Argentine, et qui avait été déclaré d’intérêt national par le gouvernement.
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On ne peut donc plus dire que c’est un rêve, une illusion…. Disons plutôt que c’est une utopie réaliste.
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On peut se demander à juste raison quel lien d'un tel projet avec l'économie distributive et... j'entends déjà les critiques fuser. Personnellement je pense que expérimentation reste ancrée dans le système, les sols mis en circulation étant compensés par une valeur similaire en euros, ceci étant une garantie pour les utilisateurs. Contrairement aux idées développées par la Grande Relève, la monnaie n'est pas détruite après utilisation. Néanmoins, il s'agit à mon avis d'une expérimentation intéressante et qui, tout en montrant ses limites, nous incite à préfigurer une autre manière d'échanger, de créer du lien social.
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Alors… à celles et ceux qui doutent, j’ai envie de leur dire :
« Allons-y, prenons le risque de changer nos habitudes, mesurons nos possibilités, tenons compte de nos limites mais…. mais…. devenons acteurs, pour aller à contre – courant ! »
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Roger Winterhalter
Novembre 2008
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publié dans le n°1 d’avril 2009, mis en ligne le 22/11/2011
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